Nous poursuivons notre argumentaire, à la suite du 4ème volet:
Certains, dont l’épaisseur doctrinale est plus relative, préfèrent cependant, de bonne foi sans doute, déserter le terrain idéologique lorsqu’ils le pensent définitivement conquis par l’adversaire. Ce faisant, en ne les dénonçant pas, ils cautionnent tacitement certaines idées profondément contraires aux principes sous-jacents au projet politique du Front National. Car qui ne dit mot consent. Nous pensons au contraire qu’il faut reconquérir le terrain doctrinal, porter la contradiction à nos adversaires, introduire le doute dans les milieux gangrénés par le politiquement correct, déstabiliser l’ennemi, bousculer les idées convenues. Car nous croyons que les valeurs que nous portons sont profondément humaines : et qu’il nous est donc possible de les rendre accessibles en réveillant le sens commun des français, endormi par l’idéologie. C’est là toute la différence entre la démagogie et la diplomatie : le démagogue nivelle le discours et cherche à plaire à l’électorat, à flatter l’opinion. Il recherche ainsi le plus petit dénominateur commun en vue du plus grand nombre d’électeurs. Le diplomate au contraire fait venir son interlocuteur sur son terrain, il l’amène à penser comme lui à force d’arguments, de dialectique, de rhétorique, et de persuasion.
Car à force de ne pas exprimer ses idées, à force de les taire, on finit par les abandonner. A force de ne plus oser soutenir ce que l’on croit, on finit par ne plus le croire. Il y a là en effet une pente naturelle : l’expérience nous enseigne que toute modification du discours, en vue de diminuer ou d’atténuer l’expression de notre pensée politique, en vue d’estomper certains fondamentaux, a vocation, après s’être imposée dans l’opinion, à être intégrée dans le programme. Cette tentation de rejoindre l’idéologie dominante est souvent plus séduisante, car elle est bien commode…
Tout en tenant ferme sur le terrain des principes, la politique, qui est l’art de rendre possible ce qui est nécessaire, nous engage il est vrai, dans la perspective d’un redressement graduel, à tolérer en l’état certains maux. C’est ainsi que le programme du Front, plutôt que d’exiger immédiatement l’abrogation de la loi Veil, propose de relancer une grande politique familiale et nataliste afin de rendre caduque la loi sur l’avortement, et de lui susciter dans le même temps des alternatives. Il reste que nous ne devons pas céder sur les principes en même temps que nous tolérons un mal, il reste que notre discours ne doit pas s’affadir en même temps que nous voulons améliorer la situation, au risque sinon de rendre inutile, en s’interdisant de la justifier, toute dynamique de redressement entreprise.
Nous refusons donc de céder aux chants des sirènes et de sacrifier notre idéal politique sur l’autel de la « communication ». Une telle démarche porte d’ailleurs en elle les germes de la contradiction. Car la communication, par définition, est subordonnée au projet dont elle doit assurer la promotion : elle consiste à rendre accessible notre idéal et à y rallier nos interlocuteurs. Non pas à l’abandonner par démagogie, ni à évoluer sur le terrain idéologique de l’adversaire et à reprendre son argumentation. Cette dernière attitude politique serait d’ailleurs révélatrice de notre incapacité à convaincre avec nos arguments et à gagner sur nos idées. Retourner l’argument de l’adversaire contre lui peut s’avérer, d’un point de vue dialectique, stratégiquement profitable, pourvu que l’on ne finisse pas par penser comme lui. Car c’est une chose de placer son adversaire face à ses propres contradictions, mais cela n’impose pas d’adopter son point de vue, ni de s’identifier à lui. Ainsi, mettre en avant la laïcité pour combattre l’islamisation de la France peut se retourner contre la défense de l’identité nationale, puisque ce concept républicain a été inventé par les francs-maçons, dans un horizon matérialiste qui niait l’existence tout ordre moral ou spirituel, afin de détruire l’identité chrétienne de la France. Nos adversaires peuvent aussi bien, à cette école, dénoncer la culture chrétienne de notre pays, ou encore le caractère ostentatoire de nos clochers et de nos calvaires. La meilleure défense contre l’islamisme, ne serait-ce pas finalement l’affirmation sereine de notre identité chrétienne ?
Une réflexion sur « Qui sommes-nous? 5ème volet »