Nouvelles de France, à qui nous avons fait rencontrer tout récemment Bruno Gollnisch, publie aujourd’hui l’interview que le Vice-Président du Front National lui a accordée :
Plusieurs de vos proches sont passés samedi dernier devant la commission de discipline du Front national, qu’en pensez-vous ?
Bruno Gollnisch : Le grief qui leur est fait est d’avoir protesté publiquement contre l’éviction de jeunes soutenant ma candidature au sein du FNJ. Je trouve qu’il est difficile de juger leurs réactions sans avoir auparavant apprécié la véracité de leurs dires. Il me paraît souhaitable que leurs accusateurs comparaissent en même temps qu’eux devant cette commission qui est aussi une instance de conciliation [NDLR : selon nos informations, ils n’ont pas comparu].
On constate que l’ambiance est de plus en plus tendue au sein de votre formation politique. Les piques fusent. L’hebdomadaire Minute a dévoilé un organigramme prévoyant une direction « mariniste de l’appareil »…
L’organigramme n’est pas une pique, c’est un fait. Je déplore que les relations paraissent se tendre. Ces problèmes sont des frictions inhérentes à toutes compétitions de ce type, les dynamiques de groupe jouent dans ce sens. Peut-être aussi commence-t-on à percevoir que ma candidature n’est pas celle d’un outsider marginal mais qu’elle a de sérieuses chances de succès. En tout état de cause, on peut compter sur ma « force tranquille » [NDLR : Bruno Gollnisch sourit] pour contribuer à calmer le jeu dans l’intérêt de l’unité de notre mouvement. S’il y en a qui jouent les incendiaires, je serai un excellent pompier.
Marine Le Pen refuse la réintégration de personnes parties récemment du Front national. Vous même, accepteriez-vous à la fois les marinistes et les anciens frontistes ?
J’ai pris et maintiens une position de principe en faveur d’une réconciliation dont Jean-Marie Le Pen a donné l’exemple en recevant Bruno Mégret à Saint Cloud en 2007. Marine Le Pen, dont beaucoup de collaborateurs sont d’anciens mégrétistes de haut niveau, au retour desquels je n’ai pas fait obstacle, ne sauraient m’en faire grief. Il est bien évident d’autre part que si je souhaite le retour de ceux qui sont partis, ce n’est pas pour faire partir ceux qui sont restés. Je suis effaré que l’on puisse insinuer le contraire.
On parle partout d’un « effet Marine » bien que l’on constate que ses scores sont assez proches de ceux que réalisaient Carl Lang au même endroit…
En tout état de cause, personnellement j’aurais trouvé plus naturel que Marine Le Pen défende son siège en Ile-de-France où sa notoriété aurait certainement permis de franchir la barre des 10%.
On dit que certaines différences doctrinales apparaissent entre Marine Le Pen et vous. Par exemple sur la laïcité, sur l’avortement, les valeurs républicaines…
Pour pouvoir apprécier ces différences, il faudrait que Marine précise ses positions. En ce qui me concerne, les choses sont claires: L’identité de la France ne se réduit pas à sa devise républicaine. Elle inclut aussi la richesse et la diversité du patrimoine de nos provinces.
S’agissant de la loi Veil, elle a amplement fait la preuve de son échec, elle doit donc être remplacée.
La laïcité bien comprise n’est qu’une forme de tolérance, dans une société qui n’est plus homogène sur le plan spirituel, par laquelle l’Etat s’abstient d’intervenir en matière religieuse pour éviter des affrontements dans la société civile. Elle ne fournit pas de raison de vivre, elle n’est pas en soi une « valeur ». Elle est la juste distinction du spirituel et du temporel : ni une confusion, ni une séparation absolue.
Marine Le Pen a plusieurs fois répété que la laïcité consistait à confiner la religion à la sphère privée, êtes-vous d’accord ?
Non, la religion n’est pas qu’une affaire d’ordre privé.