Discours de Bruno Gollnisch au Congrès de Tours

Chers amis,

Dans l’éthique qui est la mienne, et j’en suis sûr la vôtre, lorsque l’on participe à une compétition, on n’en admet le résultat. Je sais bien que cet axiome est étrange pour ceux qui croient que l’ambition personnelle est toujours et partout le seul moteur de l’action politique. Mais le service d’une cause telle que la nôtre a d’autres exigences !…Et j’ai moi aussi d’autres exigences que la morale du superficiel et du clinquant qui règne en maîtresse dans la classe politico-médiatique.

Vous me permettrez donc en premier lieu, de présenter mes chaleureuses félicitations à la nouvelle Présidente du Front National, Marine Le Pen.

Si le résultat du scrutin m’avait été favorable, j’aurais naturellement exigé, paisiblement mais fermement,  que chacun se soumette à la volonté librement exprimée par nos membres. C’est-à-dire par ceux qui comme vous êtes l’âme de la Résistance française. Parce qu’ils se sont engagés, qu’ils ont donné leur nom, leur part de temps, leur argent, leur réputation, et que parfois même ils se sont sacrifiés pour cette cause.

Le résultat de ce scrutin ayant désigné Marine Le Pen, c’est sans arrière-pensées et sans amertume que je me soumets à la volonté librement exprimée par la majorité de nos membres.

Je remercie du fond du cœur  tous ceux dont la confiance m’honore et qui ont participé à ma campagne. Leur dévouement, leur amitié, et même leur ferveur, m’ont été un réconfort puissant, dans lequel je continuerai de puiser les forces nécessaires à notre action. Car je continuerai, n’en doutez pas un seul instant !

J’assure aussi tous ceux qui ont contribué à la campagne et à la victoire de Marine de mes sentiments d’amitié et même de fraternité, car nous sommes tous embarqués sur le même navire, et il est de notre responsabilité historique de le mener à bon port.

Oui, je continuerai naturellement à servir la cause que j’ai toujours servie,  depuis les bancs d’une université livrée aux marxistes et saccagée par les amis de M. Cohn Bendit et de M. Mélenchon, passé des nervis trotzkystes au Grand Orient de France, mais toujours aussi sectaire ! La France que j’ai servie à bord des navires de la Marine Nationale, sur lesquels sont inscrites les devises « Honneur & Patrie », « Valeur & Discipline ». La France que j’ai servie dans les Assemblées où je siège sans discontinuer depuis des années, sans faiblesse et sans compromission. Je continuerai à servir la cause de la défense de l’identité et de l’indépendance de notre nation, et à le faire dans la formation d’évidence la plus apte à organiser ce combat, le Front National.

Il est bien naturel à cet égard de rendre hommage à l’homme qui a mené inlassablement ce combat depuis plus d’un demi-siècle, depuis l’Indochine en lutte contre l’agression communiste jusqu’à la Tribune de l’Assemblée Nationale, de l’Algérie française aux bancs du parlement européen, au milieu de difficultés et d’épreuves innombrables, qu’elles soient d’ordre humain, politique, financier, judiciaires ou autres.

Oui, il en a fallu du courage et de la persévérance pour rassembler la droite nationale, affronter l’ensemble du système médiatique et politique, afin de la sortir de la marginalité où l’avaient semble-t-il confinée les vicissitudes de l’histoire et ses défaites, honorables quoique terribles- oui, terribles quoique toujours honorables !

À cet homme, Jean-Marie Le Pen, aucune manœuvre, aucune injustice n’a été épargnée par ce système qui gère la France si mal, et qui défend si férocement ses intérêts les plus immoraux. Je le sais pour avoir partagé à ses côtés, sans faiblir, quelques unes de ces épreuves, et aussi il est vrai bien des succès, au point même que j’ai pu croire un instant-je ne sais pourquoi- qu’il souhaitait même que je lui succède !

De ce remarquable orateur, étonnamment cultivé, dont les interventions politiques et parlementaires, les écrits, les discours couvrent des dizaines de milliers de pages, l’opinion publique a été conduite à ne retenir que deux ou trois expressions qualifiées de « dérapages ». Étrange société que celle que l’on conduit à s’indigner pour quelques mots, et qui trouve parfaitement normale les actes : l’incompétence, la lâcheté, les plus évidentes les plus graves trahisons de sa caste dirigeante !

Devrais-tu pour autant, Jean-Marie, t’écrier comme François-René de Chateaubriand à la Chambre des Pairs, au soir de sa vie politique, t’écrier : « Inutile Cassandre, j’ai assez fatigué (…) la patrie de mes avertissements dédaignés ; il ne me reste qu’à m’asseoir sur les débris d’un naufrage que j’ai tant de fois prédit. »

Non ! car ton œuvre te survivra, et l’histoire te donnera raison !

Si cet homme exceptionnel s’est prononcé en faveur de ta candidature, Marine,  c’est bien sûr qu’il te juge digne de cet héritage politique. La tâche, nous le savons tous les deux, est incroyablement difficile mais elle est exaltante ; et surtout, elle est nécessaire au redressement de notre pays, pour le sortir de l’ornière boueuse du déclin et de la décadence dans tous les domaines.

C’est ce que nous voulons de toutes nos forces, et pas seulement, j’en suis sûr, ceux qui ont soutenu ma candidature, composante incontournable de notre Mouvement, puisqu’ils représentent le tiers des voix exprimées dans ce scrutin présidentiel et presque la moitié des élus de notre Comité central.

Nous voulons lutter contre cette terrible décadence qui se manifeste dans tous les domaines sans exception : décadence morale, démographique, culturelle, administrative, sécuritaire, économique, sociale, diplomatique et stratégique.

 

  • Morale, par l’arrêt des repentances incessantes et injustifiées, la remise à l’honneur des valeurs traditionnelles et de droit naturel – ce n’est pas ringard, c’est moderne, de défendre les valeurs traditionnelles ! Nous voulons la suppression des lois liberticides et des privilèges des organisations anti-nationales ; (lois liberticides et organisations anti-nationales par lesquelles on veut toi aussi te poursuivre, Marine, ainsi que nous l’a appris jeudi le Procureur de la République de Lyon) !
  • Démographique, par l’instauration d’une grande politique familiale et d’accueil de la vie, qui doit être respectée et protégée,  de son origine à son terme naturel ;
  • Culturelle, par l’enseignement de notre histoire prodigieuse et de notre patrimoine incomparable, la remise à l’honneur dans l’enseignement des Humanités, et des disciplines artistiques, mais surtout de la langue française, pour commencer !
  • Administrative, par la réduction des niveaux d’administration, la simplification de la bureaucratie écrasante, la lutte contre le clientélisme et la corruption ;
  • Sécuritaire, par l’expulsion sans faiblesse des délinquants étrangers, la déchéance des doubles nationaux coupables de crimes ou délits graves, la dépolitisation de la justice, la certitude et la promptitude des peines ;
  • Economique, par la protection raisonnable de notre marché, la taxation des produits fabriqués ailleurs dans des conditions d’esclavage et importés chez nous à vil prix, la taxation des mouvements financiers spéculatifs, mais surtout la suppression de l’impôt sur les revenus du travail, l’interdiction des scandaleux cumuls de fonctions d’administrateurs par une poignée de personnes qui s’empiffrent avec cynisme malgré la destruction d’emplois français à laquelle ils procèdent…plusieurs d’entre eux, fonctionnaires politisés, cherchant leur profit personnel et non plus le service du public, issus certes des grands corps de l’Etat, comme l’Ecole Polytechnique ou l’ENA, qui est à la fonction publique ce que le TGV est au transport ferroviaire, avec cette différence pourtant : quand le TGV déraille, au moins, lui, il s’arrête !
  • Sociale, par l’instauration de la préférence nationale, l’accession facilitée à la propriété du logement, l’instauration de la TVA sociale, la création d’un actionnariat populaire…
  • Diplomatique, par l’exercice d’une politique étrangère indépendante de la super-puissance, l’utilisation, en tant que de besoin, de notre droit de veto à l’ONU, la restauration de nos anciennes alliances, notamment avec la Russie, la renégociation des traités européens ;
  • Stratégique, par notre retrait du bourbier afghan, la sortie du dispositif militaire de l’OTAN, la réorganisation de notre outil de défense vers les véritables menaces, la dotation de nos armées en matériels simples et moins coûteux mais efficaces et dont la maintenance soit convenablement assurée, la création d’un corps de réserviste capable notamment de tripler en 48 heures les effectifs de gendarmerie, la surveillance effective de notre immense espace maritime, l’arrêt des insultes contre nos anciens combattants…

 

La mission historique portée par les nationaux, celle de permettre les conditions d’une renaissance nationale, requiert à la tête du FN une personnalité aguerrie et expérimentée, ferme mais ouverte au dialogue, capable d’assurer sa cohésion, son unité mais aussi de fédérer toutes les énergies et les talents de notre famille de pensée, dont il faut bien dire qu’elle s’est parfois inutilement divisée dans des querelles ou des conflits qui auraient pu être évités. Je souhaite de tout cœur que tu sois cette personnalité, et je suis prêt, dans la mesure de mes moyens, à t’y aider si nécessaire.

Mes chers amis, la presse veut savoir ce que nous allons faire ? Je vais vous le dire ! Nous allons tous continuer à servir la cause que nous avons toujours servie, nous allons nous battre et nous allons gagner !

C’est pourquoi bien sûr je continuerai à y participer. Cette volonté ne dépend pas de l’octroi de je ne sais quel lot de consolations. L’accomplissement d’un devoir impérieux ne requiert pas de titres ronflants. J’utiliserai, pour contribuer à l’œuvre commune, toutes les possibilités que me donne le mandat que j’exerce au Parlement européen, la coordination de nos députés français et étrangers,  la présidence de l’Alliance Européenne des Mouvements Nationaux, que nous avons créée récemment, présidence que je dois à votre confiance  et à celle de nos collègues européens, ainsi que la présidence de notre groupe de 17 conseillers régionaux en région Rhône-Alpes, l’un des plus combatif, pugnace et compétent qui soit, dans cette deuxième région de France.

Oui, il est important de faire fructifier nos relations avec les Patriotes étrangers qui ont les yeux fixés sur nous, et avec lesquels nous avons noué, en Europe et hors d’Europe, de nombreux liens d’amitié et de confiance. La façon dont beaucoup d’entre eux se sont libérés du communisme nous est un puissant encouragement dans notre combat contre les forces obscures du Mondialisme actuel.

Après l’élection cantonale, nous devrons affronter l’élection présidentielle de 2012. Élue présidente de notre mouvement, je pense que personne ne contestera ta légitimité pour nous représenter en cette échéance.

Disons les choses telles qu’elles sont, en tous cas telles qu’elles me paraissent être. Une telle échéance requiert une équipe nombreuse et soudée, une famille apaisée et réunie autour de son candidat. C’est Jean-Marie Le Pen qui disait : « en campagne, on n’a pas d’ennemi », et aussi, en recevant Bruno Mégret et son épouse chez lui : « les hommes d’Etat ne doivent pas conserver le souvenir des offenses passées dès lors qu’il y va de l’intérêt supérieur de la Nation ». Si tu étais comme moi persuadée de l’utilité de cette réunion et si je pouvais y contribuer, je m’emploierai bien volontiers à ce préalable indispensable avant que de partir, en 2012, à la conquête de ces électeurs de la droite sociale et de la gauche patriotique qui ont vocation à nous rejoindre, comme tous ceux, très nombreux qui, sans avoir jamais appartenu à notre mouvement, font cependant partie du « camp patriotique et souverainiste ».

Dans l’intervalle, nous ne nous laisserons pas impressionner devant les attaques, nous resterons plus imperméables que jamais au discours dominant abusivement rebaptisé : « politiquement correct », toujours fidèles à nos convictions…

A ces conditions, je le crois moi aussi, nous pouvons revoir ce que nous avons vu lors de l’élection présidentielle de 2002, et peut-être plus encore !

Dans cette optique, nous souhaitons que sous ta direction le  Front National devienne une force politique plus incontournable encore, en l’enracinant localement, en améliorant son mode de fonctionnement, afin qu’il gagne en attractivité.

Au cours de cette campagne, j’ai livré quelques propositions pour le Front National, dont plusieurs ne sauraient naturellement être mises en œuvre qu’après la solution de nos difficultés financières qu’affrontent notre Président et nos trésoriers successifs :

  • L’amélioration de la concertation entre nos structures départementales et notre siège national dans un sens tendant à renforcer les moyens matériels des premières.
  • Un fonctionnement sur un mode plus collégial, où chacun puisse trouver sa place.
  • Un renforcement de l’implantation locale du FN, la relance des cercles nationaux s’occupant d’action sociale, culturelle, familiale, éducative, caritative…
  • Un renforcement de l’armature intellectuelle du Front National, par la création notamment d’une école des cadres assurant aux militants une solide formation doctrinale.
  • La reparution d’un journal officiel du FN sur le modèle de feu Français d’Abord, organe de liaison très apprécié de la communauté des adhérents qui, à l’heure d’internet, pourrait être bien évidemment décliné en une version électronique.
  • Ravivons aussi la flamme militante, l’esprit de camaraderie, par la renaissance de la fête annuelle des BBR, grand moment politique et d’amitiés françaises.
  • La constitution d’un contre-gouvernement composé d’hommes et de femmes dont on verra qu’ils sont aptes à mettre en œuvre ces mesures de salut national, aussi compétents et même plus que ceux qui sont actuellement aux commandes.

Il t’appartiendra de décider de ce que tu souhaites ou non retenir dans ce chantier de rénovation du FN, indispensable à sa progression, pour crédibiliser le message de l’opposition nationale, populaire et sociale.

J’évoquais tout-à-l’heure les sacrifices qui ont été consentis pour cette cause. Je parlais de ceux qui comme vous se sont engagés, ont donné leur nom, leur part de temps, leur argent, leur réputation, et parfois même bien au delà. Je pense à ceux qui ont été injustement condamnés, au militant de Marseille qui a fini ses jours en prison, comme à nos amis lyonnais injustement condamnés pour s’être défendus contre ceux qui les agressaient délibérément. Je pense aux morts du 6 février 1934, à ceux d’Indochine et d’Algérie ; je pense à François Duprat, à Jean-Pierre Stirbois, et à tant d’autres…

Ici à Tours, dans la patrie de Saint-Martin, l’inlassable apôtre des Gaules, auquel nous devons une part de notre incomparable civilisation, je suis convaincu que de grandes perspectives s’ouvrent devant nous, pour peu que nous rejetions les ferments de la division, fassions front commun devant l’adversité et que la flamme tricolore continue à briller dans le coeur de chacun d’entre nous. Si nous sommes réunis, elle deviendra ce brasier réchauffant les énergies dont notre pays a besoin pour assurer sa renaissance.

Vive le Front National, Vive la France !