Gollnisch, reviens, ils sont devenus fous ! (2/2)

Nous exposions la dernière fois la place que devaient tenir les sujets de société dans la vie politique, lesquels déterminent la place de l’homme dans la communauté : et nous affirmions ainsi que le programme sociétal du Front était la colonne vertébrale autour de laquelle devait s’articuler son projet politique. Aux antipodes, Marine le Pen affirme quant à elle que ces questions ne sont pas prioritaires, renonçant ainsi à une vision profonde de la société française, refusant de voir les causes les plus hautes de ses maux actuels.

Mais il est intéressant de souligner que l’indifférence de Marine le Pen à l’égard de certaines positions pourtant fondamentales du Front National se révèle également dans sa stratégie politique. Car à vouloir émanciper le Front de ses forces d’enracinement -ainsi que le signifie son refus de rassembler sa propre famille politique pour aller draguer immédiatement un électorat souvent éloigné de nos positions- on s’expose à un délitement et à un affaissement progressif du programme que vérifie d’ailleurs la sociétalisation actuelle du discours. Que mettent également en évidence les récentes prises de position des partisans de Marine le Pen, en poste et en responsabilité dans le mouvement malgré leurs divergences objectives, explicites et avouées avec notre programme politique. L’expérience nous enseigne cependant que toute modification du discours, en vue de diminuer ou d’atténuer l’expression de notre pensée politique, en vue d’estomper certains fondamentaux, a vocation, après s’être imposée dans l’opinion, à être intégrée dans le programme : il y a là en effet une pente naturelle.

Nous pensons au contraire que notre combat doit s’ancrer définitivement, et c’est l’enjeu de cette échéance interne, dans la défense d’un certain nombre de valeurs non négociables. Lesquelles révèlent une commune structure de pensée à l’ensemble de la droite patriote, dont témoigne en l’occurrence notre attachement indéfectible à l’enracinement familial, national, moral et culturel.

Sur la base de ces valeurs non négociables, autour de notre projet, il nous appartient donc de créer une dynamique de rassemblement. Mais une telle dynamique doit reposer sur un socle idéologique solide. Car tout édifice dont les fondations sont ébranlables et mouvantes menace de s’écrouler sur lui-même. Aussi bien nous voulons tous fédérer l’ensemble des français, et nous y serons parvenus lorsque nous aurons obtenu 100% des suffrages. Mais encore faut-il commencer par rassembler notre propre famille politique avant d’élargir le cercle de notre électorat. Quel crédit peut-on avoir lorsque, prétendant rassembler l’ensemble des électeurs, on n’a pas été en mesure de fédérer auparavant sa propre famille de pensée ?

Alors pour discréditer cette volonté de rassemblement, Marine le Pen développe une rhétorique qui rappelle étrangement celle de nos adversaires politiques. Afin de disqualifier dans l’opinion certains courants de pensée, le système leur associe en effet bien souvent de vilaines étiquettes. Procédé tout de même plus commode qu’une argumentation construite, et que Marine le Pen ne s’interdit pas de reprendre à son compte. Voilà donc Bruno Gollnisch accusé de vouloir rassembler l’« extrême droite ». Nous ne saurons jamais ce en quoi consiste l’ « extrême droite », mais c’est égal. Savoir que le Front National et Jean-Marie le Pen ont été victimes, et le sont encore, de ce discours convenu et académique ne semble pas troublé la prétendante. Le problème cependant, c’est que les « traitres » et les « félons » auxquels Marine le Pen fait allusion ont été cadres au Front National durant de nombreuses années, participant à la rédaction de son programme, et n’ont pas modifié leur ligne doctrinale en le quittant. Il était donc temps de s’apercevoir que le Front National avait longtemps été tributaire d’une idéologie « extrémiste ». Marine le Pen elle-même n’avait-elle pas affirmé, lors du départ de Carl Lang, qu’il n’existait entre eux aucune divergence idéologique, feignant ainsi de s’étonner d’une telle rupture ? On cherche à comprendre…

Jean