Bruno Gollnisch répond à Profession Politique :
Votre déficit de notoriété ne vous fait-il pas craindre que la partie soit déjà jouée pour la présidence du parti, renouvelée en janvier prochain ?
La partie n’est pas du tout jouée. Je connais bien ce mouvement, je suis bien connu des militants, des adhérents et contrairement à ce qu’on dit, je suis bon orateur. J’ai d’ailleurs proposé qu’on puisse débattre avec Marine, mais elle n’a pas accepté. Je constate aussi qu’il y a une disproportion dans les audiences médiatiques, qui peut avoir une incidence. Je m’interroge d’ailleurs : alors que je passais régulièrement dans les médias audiovisuels, le robinet s’est étrangement arrêté au lendemain de la campagne de 2002. Mais je suis prêt à m’incliner devant le résultat si je ne gagne pas. J’attendrai la même chose de mon adversaire si je gagne.
En quoi seriez-vous mieux placé qu’elle pour prendre les rênes du parti ?
Je suis dans une stratégie de rassemblement. Beaucoup de gens ont quitté le parti en lui imputant, à tort ou à raison, des pratiques inacceptables ou un déficit théorique. J’offre une possibilité de rapprochement avec des souverainistes du Mouvement pour la France (MPF) et d’autres courants politiques orphelins, même si, pour l’instant, aucun engagement n’a été pris. J’ai aussi des idées pour changer le parti en interne. Je souhaite rééquilibrer le budget du mouvement au profit des instances locales. Et puis je crois que j’ai une audience internationale, un corps de doctrine qui tient la route. Même si nous avons beaucoup d’idées en commun avec Marine, son discours est assez flou.
Cela vous agace-t-il qu’elle véhicule une image plus moderne ?
Je crois que la modernité n’est fiable que lorsqu’elle est enracinée dans la tradition. Et contrairement à ce qu’on peut croire, beaucoup de jeunes sont en ma faveur. Après, il est vrai que je m’éloigne peut-être un peu d’elle sur la destruction méthodique de l’institution familiale, qui pour moi a des effets ravageurs. Quant à la devise « Liberté, Égalité, Fraternité », j’y suis moins attachée que Marine. C’est une devise qui pourrait s’appliquer à n’importe quel pays. Tout cela n’est pas créateur de valeurs. J’adhère à une définition plus charnelle de l’identité française.
Le soutien officiel apporté par Jean-Marie Le Pen à sa fille vous a-t-il déçu ?
Il a le droit d’exprimer une préférence. J’ai été un peu blessé qu’il ne m’en parle pas avant de s’exprimer dans la presse. Les grands hommes sont généralement ingrats et Jean-Marie Le Pen est un grand homme… Ceci étant, nous avons des contacts tout à fait cordiaux. Il sera d’ailleurs du voyage que j’organise au Japon très prochainement. Qui plus est, je ne suis pas sûr que l’appui de Jean-Marie Le Pen dont bénéficie Marine ait un effet décisif. Son émergence s’est faite sur le thème de la rénovation et de la distanciation par rapport à son père. Cet adoubement vient réduire tout cela à peu de choses.
Jean