Président,
Il m’apparaît opportun, après avoir été exclu du Front National, de porter quelques unes de mes préoccupations à votre connaissance.
Il m’a été reproché de nuire à l’unité du mouvement en rendant publiques certaines inquiétudes, il est vrai partagées par un certain nombre de militants. Je m’étonne néanmoins de ce que l’on n’ait pas interrogé plus avant les motifs qui ont provoqué le comportement dont on me fait grief, que la commission de discipline ne se soit pas penchée sur les causes qui ont entrainé une réaction que vous avez peut-être, par ailleurs, jugée excessive.
Car certains événements troublants provoquent, depuis quelques temps déjà, des polémiques sur lesquelles, afin de sauvegarder l’unité du mouvement à laquelle nous devons quelquefois sacrifier notre amour propre, les proches de Bruno Gollnisch ne s’étaient jusque là pas étendus. Mais à la faveur de la campagne, il nous est apparu nécessaire de réagir à certaines attitudes qui s’apparentaient de plus en plus vraisemblablement à des provocations.
Ainsi je dois reconnaître qu’à diverses occasions la conduite de l’actuel coordinateur national du FNJ, David Rachline, est apparue suspecte. Ce dernier, en effet, a reconnu devant témoins vouloir évincer les partisans de Bruno Gollnisch. Le secrétaire départemental FNJ de Seine Maritime, Pierre Bucourt, depuis mystérieusement relevé de ses fonctions, et la secrétaire régionale FNJ de l’Ouest, Laura Lussaud, jusqu’alors mariniste déclarée, ont attesté ses propos. Plus tard, David Rachline reprochera à Laura sa trahison après qu’elle ait nommé dans les Pays de le Loire un responsable FNJ, François-Xavier Gicquel, pourtant militant actif, enraciné dans sa région et reconnu de ses camarades, mais qui s’avérait être attaché à la candidature de Bruno. La coupe était pleine : Laura démissionnera à la suite de cet épisode et dénoncera l’attitude partisane de David Rachline, avant d’être sanctionnée pour ce motif par la commission de discipline.
Que penser également de David Rachline lorsqu’il propose à la coordination nationale du FNJ une affiche invitant à s’engager derrière Marine le Pen ? N’assume-t-il pas là, dans l’exercice de ses responsabilités, un acte délibérément partisan par lequel il croit pouvoir confisquer le FNJ au profit de la candidature de Marine le Pen ?
Un autre événement participe du même esprit partisan, déplacé en l’état. David Rachline a cru pouvoir évincer des SD FNJ qui soutenaient la candidature de Bruno (Jérémie Thébault par exemple), pour s’être rendus au congrès nationaliste du Renouveau Français auquel Bruno Gollnisch avait pourtant apporté son soutien. Quoique l’on pense du Renouveau Français, il n’est pas un parti politique mais une association qui dispense une formation nationaliste : à aucun moment il n’a donc suscité de concurrence au Front National, n’ayant jamais présenté de candidats aux échéances électorales. Il offre d’ailleurs chaque année une tribune à nos responsables pour qu’ils fassent valoir le combat mené par notre formation. En l’état, aucune consigne n’avait de toute façon été données aux cadres du Front, ni pour les encourager, ni pour les dissuader de ce rendre à un congrès qui réunit chaque année de nombreuses personnes qui évoluent idéologiquement autour des valeurs portées par notre programme politique. Enfin, le responsable du FNJ aurait du mal à invoquer des divergences doctrinales avec cette association nationaliste quand il promeut lui-même des responsables FNJ éloignés des positions sociétales défendues par le Front National, telle la nouvelle SD adjointe au FNJ des Yvelines qui soutient la libéralisation du cannabis, le mariage homosexuel et l’avortement. Il ne pouvait non plus invoquer la présence à ce congrès d’adversaires du Front National quand il se rend lui-même à l’apéritif du 18 juin auquel participaient aussi bien Riposte Laïque, laquelle se vante d’avoir toujours « combattu les idées du Front National », que le Bloc Identitaire, lequel présenta un candidat contre vous aux dernières régionales et titrait il y a quelques temps sur son site Novopress un billet intitulé « Le Pen est mort », sous-titré « politiquement depuis le 22 avril 2007 » . Quoiqu’il en soit, Bruno Gollnisch est jusqu’à présent statutairement mieux placé que David Rachline dans l’organigramme frontiste. Et il convient, lorsque le vice-président d’un parti soutient une manifestation publique, que le responsable de la jeunesse n’évince pas les jeunes cadres qui s’y rendent. Pour le moins, ça fait désordre…
Il est un autre motif qui m’a fait réagir sur mon blog : les positions avouées de certains cadres marinistes, objectivement contraires au programme politique du Front National. J’y vois là un délitement progressif du projet frontiste. Là encore, il semble que les faits soient avérés. J’évoquais à l’instant le cas de la jeune Vénussia Myrtil dans les Yvelines, mais d’autres cas peuvent encore être soulignés : ainsi dans les Hauts-de-Seine, le candidat aux prochaines élections cantonales sur le canton d’Asnières-Nord, Franck Beeldens, se déclare ouvertement hostile aux positions du Front National concernant la famille et de l’accueil de la vie. Il est vice-président du « Parti du Respect » qui milite pour « obtenir le mariage pour les couples homosexuels », et pour « obtenir l’adoption pour les couples homosexuels». Ce cas de double appartenance serait-il moins scandaleux qu’un autre ?
En tout état de cause, s’il y a sous ma plume un quelconque scandale, je me demande si celui-ci ne réside pas davantage dans les faits dénoncés que dans la dénonciation des faits. David Rachline n’est-il pas malvenu de solliciter l’éviction d’un adhérent du Front au motif que celui-ci, en rendant publiques certaines informations, n’aurait pas respecté certaines règles, quand il semble être le premier à les avoir transgressées, provoquant ainsi la polémique dont il voudrait que ses détracteurs portent ensuite la responsabilité ? Aussi je m’étonne de voir certains cadres s’insurger contre les réactions légitimes, quand bien même les jugeraient-ils excessives, qu’ils ont eux-mêmes suscitées. Il me semble avoir toujours suspendu l’opportunité de révéler les disfonctionnements internes de l’appareil à l’existence de certains enjeux, tels que la loyauté de la campagne et la défense de certaines valeurs promues par le Front dont je crains cependant que l’expression soit quelquefois diminuée. Les appels que nous avons lancés jusqu’à vous étant néanmoins toujours restés sans réponses, nous avons cru, peut être à tort, pouvoir exploiter l’outil qu’internet mettait à notre disposition pour faire entendre notre cri.
Président, je vous demande donc, à l’aune des informations que je viens de vous communiquer, de revoir votre jugement. Et je sollicite la convocation de David Rachline en commission de discipline. Car il est étrange que seuls les partisans de Bruno Gollnisch soient invités à s’expliquer quand la crédibilité de certains de leurs concurrents semble manifestement entamée, et leur responsabilité engagée dans les polémiques ravageuses qui nuisent à l’unité du mouvement.
Je vous prie de croire, Président, à l’expression de mon fidèle attachement et de mon respectueux dévouement à la cause nationale.
Edouard,
Directeur national des Jeunes avec Gollnisch