Fin de campagne…

Nous y sommes. Les adhérents se sont exprimés. Marine le Pen est désormais présidente du Front National. Nous regrettons que les militants se soient référés aux qualités médiatiques de la candidate, lesquelles sont davantage liées à la fonction de porte parole, quand il s’agissait pourtant d’élire un président. Il eût fallu interroger les projets au nom desquels les candidats se sont présentés –mais le débat de fond, pourtant indispensable dans une campagne politique qui oppose deux concurrents, a soigneusement été évité ; les aptitudes à l’exercice des fonctions briguées ; et encore la capacité à rassembler notre famille politique, inutilement mais dangereusement divisée. Autant de paramètres qui semblent avoir été sacrifiés sur l’autel de la médiatisation. Nous pensions quant à nous que le Front National valait plus que cela.

Beaucoup de partisans de Bruno Gollnisch se sont tournés vers nous depuis ce week-end, afin de connaître la conduite à tenir après le congrès. Le mot d’ordre est simple. Ne nous dispersons pas ! Ne tentons pas de susciter à la nouvelle direction du Front National une concurrence qui, à l’instar des précédentes, se soldera par un échec électoral dès aujourd’hui prévisible. Avec un tiers des suffrages portés sur sa candidature, Bruno incarne au sein du Front un courant idéologique désormais incontournable, lequel lui permet d’exister politiquement et d’apparaître éventuellement comme un recours. Alors restons mobilisés ! Nous serons au Front, derrière Bruno Gollnisch, semblables à des sentinelles vigilantes. Car les adhérents n’ont pas signé un chèque en blanc à Marine le Pen : le rapport de force au comité central révèle qu’ils comptent sur les soutiens de Bruno Gollnisch pour équilibrer l’appareil, à défaut d’incarner un véritable contre-pouvoir.

Nous souhaitons par ailleurs bonne chance à Marine le Pen pour le combat qu’elle doit mener dès maintenant, à la tête du Front National, contre les forces obscures du mondialisme qui détruisent les institutions naturelles que sont la famille et la nation. Mais l’expérience nous enseigne également que si l’on n’a pas de principes forts à opposer au système, celui-ci nous impose les siens. C’est pourquoi, après avoir entendu le discours présidentiel qu’elle a prononcé dimanche à Tours, nous maintenons nos réserves :

  1. Nul part dans son discours Marine le Pen n’a fait allusion à la défense des valeurs familiales. Sont-elles définitivement absentes de son « logiciel », étrangères à sa culture politique ? En affirmant dimanche qu’ « il n’existait qu’une seule communauté, la communauté nationale », Marine le Pen suggère que la société repose sur l’addition des citoyens, se rattachant ainsi à une structure de pensée libérale, à rebours du programme frontiste qui affirme que la famille est la première communauté, « la cellule de base de la société ». Cette vision libérale, assise sur l’individu, est pourtant facteur de consumérisme et destructrice des valeurs traditionnelles dans lesquelles s’enracine notre civilisation. Nous nous étonnons de ce qui nous apparaît alors comme une contradiction : comment peut-on s’opposer au libéralisme économique lorsqu’on souscrit -fût-ce implicitement- à un modèle sociétal libéral dans lequel ne subsistent que l’individu et l’Etat? Car le libéralisme politique et le libéralisme économique, comme le libéralisme éthique, procèdent du même principe : l’individualisme.
  2. Par ailleurs la France a, hier encore, été rattachée à des valeurs universelles – mais l’identité n’est-elle pas singulière ? – et abstraites – mais la France n’est-elle qu’une idéologie politique, ou bien un concept éculé à l’heure de la mondialisation ? Il existe sans doute des valeurs universelles, mais alors elles ne sont pas singulièrement françaises.
  3. Et précisément, le discours présidentiel d’hier, en définissant la laïcité comme le confinement de la religion à la vie privée, s’interdit de rattacher la nation à des principes supérieurs –à moins que les droits de l’homme et la devise républicaine soient devenus une nouvelle métaphysique : c’est laisser la nation sombrer dans le matérialisme autant que dans l’arbitraire et le positivisme juridique. Invoquer la laïcité contre la prolifération des mosquées, c’est s’interdire du même coup de pouvoir construire des églises en France, c’est encore s’offusquer du caractère ostentatoire de nos clochers et de nos calvaires. Reléguer la religion à la vie privée, et ne vouloir lui conférer aucune expression publique, c’est renier 1500 d’histoire de France où le christianisme a pénétré notre civilisation, notre philosophie, notre calendrier, notre tissu social, nos traditions. Cette conception de la laïcité, qui n’est pas une juste distinction entre le domaine temporel et le domaine spirituel, mais bien une séparation des deux sphères là où l’islam les confond toutes les deux, est donc, au même titre que l’Islam, contraire à l’âme et au génie français.

Aussi, la structure de toute pensée politique doit obéir à une hiérarchie de liens qui repose, en dernier ressort, sur une vision de l’homme considéré comme un sujet éthique, selon la sagesse de la pensée occidentale, digne héritière d’Athènes : l’économie doit donc être subordonnée à la politique, la politique à la morale, et la morale à la métaphysique. Ou l’histoire d’une civilisation…

C’est dans ce sens que nous espérons voir évoluer le Front. C’est le travail que les partisans de Bruno Gollnisch, au sein des instances dirigeantes, mais aussi dans les rangs militants, vont mener avec enthousiasme et persévérance. En espérant que nos attentes ne soient pas déçues, et parce que les difficultés, comme l’adversité, révèlent les âmes nobles et désintéressées des vrais combattants, nous voulons encore crier : vive le Front National, vive la France !

Jean

Lettre ouverte du directeur des JAG à Jean-Marie le Pen

Président,

Il m’apparaît opportun, après avoir été exclu du Front National, de porter quelques unes de mes préoccupations à votre connaissance.

Il m’a été reproché de nuire à l’unité du mouvement en rendant publiques certaines inquiétudes, il est vrai partagées par un certain nombre de militants. Je m’étonne néanmoins de ce que l’on n’ait pas interrogé plus avant les motifs qui ont provoqué le comportement dont on me fait grief, que la commission de discipline ne se soit pas penchée sur les causes qui ont entrainé une réaction que vous avez peut-être, par ailleurs, jugée excessive.

Car certains événements troublants provoquent, depuis quelques temps déjà, des polémiques sur lesquelles, afin de sauvegarder l’unité du mouvement à laquelle nous devons quelquefois sacrifier notre amour propre, les proches de Bruno Gollnisch ne s’étaient jusque là pas étendus. Mais à la faveur de la campagne, il nous est apparu nécessaire de réagir à certaines attitudes qui s’apparentaient de plus en plus vraisemblablement à des provocations.

Ainsi je dois reconnaître qu’à diverses occasions la conduite de l’actuel coordinateur national du FNJ, David Rachline, est apparue suspecte. Ce dernier, en effet, a reconnu devant témoins vouloir évincer les partisans de Bruno Gollnisch. Le secrétaire départemental FNJ de Seine Maritime, Pierre Bucourt, depuis mystérieusement relevé de ses fonctions, et la secrétaire régionale FNJ de l’Ouest, Laura Lussaud, jusqu’alors mariniste déclarée, ont attesté ses propos. Plus tard, David Rachline reprochera à Laura sa trahison après qu’elle ait nommé dans les Pays de le Loire un responsable FNJ, François-Xavier Gicquel, pourtant militant actif, enraciné dans sa région et reconnu de ses camarades, mais qui s’avérait être attaché à la candidature de Bruno. La coupe était pleine : Laura démissionnera à la suite de cet épisode et dénoncera l’attitude partisane de David Rachline, avant d’être sanctionnée pour ce motif par la commission de discipline.

Que penser également de David Rachline lorsqu’il propose à la coordination nationale du FNJ une affiche invitant à s’engager derrière Marine le Pen ? N’assume-t-il pas là, dans l’exercice de ses responsabilités, un acte délibérément partisan par lequel il croit pouvoir confisquer le FNJ au profit de la candidature de Marine le Pen ?

Un autre événement participe du même esprit partisan, déplacé en l’état. David Rachline a cru pouvoir évincer des SD FNJ qui soutenaient la candidature de Bruno (Jérémie Thébault par exemple), pour s’être rendus au congrès nationaliste du Renouveau Français auquel Bruno Gollnisch avait pourtant apporté son soutien. Quoique l’on pense du Renouveau Français, il n’est pas un parti politique mais une association qui dispense une formation nationaliste : à aucun moment il n’a donc suscité de concurrence au Front National, n’ayant jamais présenté de candidats aux échéances électorales. Il offre d’ailleurs chaque année une tribune à nos responsables pour qu’ils fassent valoir le combat mené par notre formation. En l’état, aucune consigne n’avait de toute façon été données aux cadres du Front, ni pour les encourager, ni pour les dissuader de ce rendre à un congrès qui réunit chaque année de nombreuses personnes qui évoluent idéologiquement autour des valeurs portées par notre programme politique. Enfin, le responsable du FNJ aurait du mal à invoquer des divergences doctrinales avec cette association nationaliste quand il promeut lui-même des responsables FNJ éloignés des positions sociétales défendues par le Front National, telle la nouvelle SD adjointe au FNJ des Yvelines qui soutient la libéralisation du cannabis, le mariage homosexuel et l’avortement. Il ne pouvait non plus invoquer la présence à ce congrès d’adversaires du Front National quand il se rend lui-même à l’apéritif du 18 juin auquel participaient aussi bien Riposte Laïque, laquelle se vante d’avoir toujours « combattu les idées du Front National », que le Bloc Identitaire, lequel présenta un candidat contre vous aux dernières régionales et titrait il y a quelques temps sur son site Novopress un billet intitulé « Le Pen est mort », sous-titré « politiquement depuis le 22 avril 2007 » . Quoiqu’il en soit, Bruno Gollnisch est jusqu’à présent statutairement mieux placé que David Rachline dans l’organigramme frontiste. Et il convient, lorsque le vice-président d’un parti soutient une manifestation publique, que le responsable de la jeunesse n’évince pas les jeunes cadres qui s’y rendent. Pour le moins, ça fait désordre…

Il est un autre motif qui m’a fait réagir sur mon blog : les positions avouées de certains cadres marinistes, objectivement contraires au programme politique du Front National. J’y vois là un délitement progressif du projet frontiste. Là encore, il semble que les faits soient avérés. J’évoquais à l’instant le cas de la jeune Vénussia Myrtil dans les Yvelines, mais d’autres cas peuvent encore être soulignés : ainsi dans les Hauts-de-Seine, le candidat aux prochaines élections cantonales sur le canton d’Asnières-Nord, Franck Beeldens, se déclare ouvertement hostile aux positions du Front National concernant la famille et de l’accueil de la vie. Il est vice-président du « Parti du Respect » qui milite pour « obtenir le mariage pour les couples homosexuels », et pour « obtenir l’adoption pour les couples homosexuels». Ce cas de double appartenance serait-il moins scandaleux qu’un autre ?

En tout état de cause, s’il y a sous ma plume un quelconque scandale, je me demande si celui-ci ne réside pas davantage dans les faits dénoncés que dans la dénonciation des faits. David Rachline n’est-il pas malvenu de solliciter l’éviction d’un adhérent du Front au motif que celui-ci, en rendant publiques certaines informations, n’aurait pas respecté certaines règles, quand il semble être le premier à les avoir transgressées, provoquant ainsi la polémique dont il voudrait que ses détracteurs portent ensuite la responsabilité ? Aussi je m’étonne de voir certains cadres s’insurger contre les réactions légitimes, quand bien même les jugeraient-ils excessives, qu’ils ont eux-mêmes suscitées. Il me semble avoir toujours suspendu l’opportunité de révéler les disfonctionnements internes de l’appareil à l’existence de certains enjeux, tels que la loyauté de la campagne et la défense de certaines valeurs promues par le Front dont je crains cependant que l’expression soit quelquefois diminuée. Les appels que nous avons lancés jusqu’à vous étant néanmoins toujours restés sans réponses, nous avons cru, peut être à tort, pouvoir exploiter l’outil qu’internet mettait à notre disposition pour faire entendre notre cri.

Président, je vous demande donc, à l’aune des informations que je viens de vous communiquer, de revoir votre jugement. Et je sollicite la convocation de David Rachline en commission de discipline. Car il est étrange que seuls les partisans de Bruno Gollnisch soient invités à s’expliquer quand la crédibilité de certains de leurs concurrents semble manifestement entamée, et leur responsabilité engagée dans les polémiques ravageuses qui nuisent à l’unité du mouvement.

Je vous prie de croire, Président, à l’expression de mon fidèle attachement et de mon respectueux dévouement à la cause nationale.

Edouard,
Directeur national des Jeunes avec Gollnisch

Le regard critique du militant frontiste (2/2)

Gollnisch sur la passerelle, aux commandes

Si le choix du président n’engage pas les adhérents, nous nous étonnons cependant de la préférence partisane de Jean-Marie le Pen. Et nous faisons état de nos interrogations :

– Qui n’a pas craint d’affronter la police de la pensée pour voler au secours du président après certaines de ses déclarations, lorsque les loups hurlaient et se déchainaient contre lui ?

« Quand Jean-Marie le Pen a été attaqué par la dictature du politiquement correct, moi je n’ai pas molli, je ne me suis pas mis en congé et je n’ai pas fui la polémique ! J’ai pris sa défense publiquement. » (Bruno Gollnisch, Une volonté, un idéal)

– Qui des deux candidats à sa succession semble le plus désintéressé, le plus soucieux du bien commun et des intérêts supérieurs?

« Le score aux élections régionales ne dépend pas seulement de nos mérites respectifs mais aussi du potentiel et du terreau. En ce qui me concerne, je pense que Marine aurait peut être dû défendre sa place en Ile de France. Certes si elle l’avait fait, compte tenu du potentiel peut être moins important en Ile-de-France qu’en Rhône Alpes, elle risquait d’obtenir quelques points de moins que moi, mais ça n’aurait pas eu de signification. En revanche, compte tenu de sa notoriété, elle aurait dépassé certainement les 10%. Si tel avait été le cas, nous aurions au moins une quinzaine de conseillers régionaux de plus, peut être une vingtaine, ce qui eut été extrêmement précieux pour les parrainages pour l’élection présidentielle, pour les ressources de notre mouvement et pour sa logistique. Et il n’y aurait pas plus de 270000 franciliens privés de représentation » (Bruno Gollnisch, Une volonté, un idéal).

« Tout le monde me disait qu’il ne fallait pas que je me représente aux élections dans la région Rhône-Alpes parce que le potentiel y était bien moindre que celui de PACA ou du Nord-Pas-de-Calais. J’étais assuré de faire un moins bon score que Marine le Pen. A tout risque, j’ai mené la liste. On nous donnait 8%. Jean-Marie le Pen avait fait 6% à l’élection européenne. J’ai fait 15% » (Bruno Gollnisch, Une volonté, un idéal).

« J’estime que je coulerai s’il le faut, mais que je coulerai pavillon haut, et que nous repartirons à la bataille et l’emporterons dans d’autres échéances. Cela me paraît extrêmement important, beaucoup plus important que les succès que l’on obtient en ayant choisi le terreau le plus favorable » (Bruno Gollnisch, Une volonté, un idéal).

Qui des deux candidats reprend la rhétorique éculée du système contre son concurrent, celle dont le Front National et Jean-Marie le Pen sont victimes depuis des décennies et qui consiste à aligner contre les patriotes certains poncifs, à leur associer de bien vilaines étiquettes dans le but de les discréditer dans l’opinion ? Lorsque Marine le Pen reproche à Bruno Gollnisch de vouloir rassembler l’ « extrême droite », ne sombre-t-elle pas justement dans cette facilité ? Elle eut été mieux inspirée d’expliquer en quoi les soutiens de Bruno Gollnisch étaient des extrémistes. Mais il est tellement plus simple de s’adresser à ce qu’il y a d’irrationnel en chacun, et de susciter ainsi, après avoir dressé des épouvantails, des réflexes pavloviens commandés par l’émotion. Une telle stratégie masque évidemment une absence totale de discernement et de jugement : l’arme préférée du système.

« La diabolisation est une arme de guerre psychologique utilisée par les adversaires de la cause nationale » (Bruno Gollnisch, Une volonté, un idéal).

– Qui des deux concurrents possède davantage d’aptitude à la fonction, et notamment à l’exercice des fonctions régaliennes ? Faut-il mettre en regard les parcours respectifs des deux candidats ? Dans le domaine de la défense, Bruno est officier supérieur dans la Marine nationale et diplômé d’études supérieures spécialisées de défense. Dans le domaine juridique, Bruno est docteur en droit et avocat international. Dans le domaine de l’enseignement et de la recherche, universitaire, Bruno fut le plus jeune doyen de France en 1982, et professeur à l’Université de Lyon III. Dans le domaine international : Polyglotte, Bruno est diplômé de l’Institut National des Langues et Civilisations Orientales : il a été professeur de japonais juridique et économique, de langue et de civilisation japonaise.

– Nous pourrions encore interroger les références idéologiques, doctrinales et politiques des deux candidats. A ce propos, les communiqués de soutiens à Bruno Gollnisch révèlent un attachement à la doctrine des pères du nationalisme français : Maurras, Barrès, Péguy… Des noms qui reviennent souvent sous la plume des partisans de Bruno. Les références idéologiques du marinisme semblent en revanche beaucoup plus confuses. A travers ses prises de position absolument imperméables au politiquement correct, et notamment au sujet de la patrie et de l’idée qu’il s’en fait, des fondements de l’ordre social et sociétal, Bruno Gollnisch confirme sa fidélité à une ligne doctrinale solide, dans le sillage de la pensée contre-révolutionnaire dont il est le digne héritier : « Il n’y a de modernité viable qu’enracinée dans la tradition » aime-t-il à répéter souvent.

– Qui des deux candidats possède davantage de soutiens au sein de notre famille de pensée et de la droite nationale ? L’unanimité semble se dessiner autour de Bruno Gollnisch. Nous pourrions évoquer en effet le soutien de la presse amie, celui des divers mouvements et associations nationalistes, mais encore celui des parlementaires européens de l’Alliance Européenne des Mouvements Nationaux qui ont sollicité Bruno à leur tête et qu’ils ont assuré de leur appui en venant l’entourer à Villepreux. A cet égard, nous savons le chantage que Marine le Pen a exercé à l’endroit de ces parlementaires en les menaçant de rompre les relations entre leurs mouvements et le Front National s’ils se rendaient à la manifestation de soutien à Bruno Gollnisch organisée à Villepreux. Dans ces conditions, comment penser la relation du Front avec les autres mouvements nationaux européens en cas de victoire de Marine le Pen au prochain congrès ?

– Enfin, interrogeons les stratégies respectives des deux candidats à la succession du président. Quelqu’un peut-il croire un instant que Marine le Pen fera 51% des voix aux présidentielles, ce qui lui est nécessaire pour être élue à la magistrature suprême? Cette euphorie -elle a bien quelque chose d’irrationnel- que l’on rencontre parfois dans le clan mariniste rappelle étrangement celle de 2007, où déjà les prestations de Marine le Pen, directrice de campagne, enchantaient certains militants qui nous voyaient au deuxième tour. On connaît la suite. Il y a bien un enseignement à tirer de cela : aucune dynamique ne peut aboutir si elle ne repose pas sur un socle solide. Avant de rassembler l’ensemble des français, ce qui est évidemment l’objectif de tout candidat qui se présente aux suffrages des électeurs, Bruno Gollnisch compris, le réalisme nous impose de fédérer dans un premier temps notre propre famille politique, avant d’en élargir progressivement la base. Il est au contraire illusoire de prétendre réunir d’un seul coup la France entière, à l’exception de son propre camp. Car un tel rassemblement ne pourrait se réaliser qu’à la faveur d’un affadissement de notre idéal politique. Nécessairement. Serait-ce alors une perspective calculée et délibérément envisagée ?

Parce que le plus lepéniste des deux candidats est assurément Bruno Gollnisch, nous voulons crier le soir de la victoire : Vive Bruno Gollnisch pour que vive le Front National !!!

Edouard

Le regard critique du militant frontiste (1/2)

L’élection de Bruno Gollnisch serait-t-elle un désaveu pour le président ? C’est en tout cas ce que semble affirmer Jean-Marie le Pen au journal Le Progrès en date du 17 décembre.

Disons le immédiatement : nous maintenons intactes la gratitude et l’affection que nous portons au président, pour le combat qu’il a longtemps mené et pour ce qu’il représente dans l’opinion. Mais nous voulons également conserver intègre notre discernement: nous ne suivons des hommes qu’à cause de ce qu’ils incarnent un idéal et portent nos espoirs. Cependant l’idéal subsiste, pas l’homme. Aussi croyons-nous faire honneur à Jean-Marie le Pen en ne le suivant pas dans chacun de ses choix partisans. Car c’est porter davantage de crédit à la bataille politique qu’il mène par ailleurs et dans laquelle, librement, nous le suivons avec enthousiasme.

Que dire alors de ceux qui vouent au chef un culte aveugle qui les prive de tout jugement ? Rappelons d’ailleurs que Jean-Marie le Pen n’a jamais demandé à Bruno Gollnisch de se retirer de la compétition : en soutenant sa fille, il assume un choix personnel qui n’engage pas les adhérents, lesquels sont invités à s’exprimer comme des grands ! Le culte du chef poussé jusqu’à l’absurde, qui vous commande d’agir sans intelligence, en adoptant finalement une démarche irrationnelle, voilà une caractéristique de l’extrême droite que certains, dans l’entourage de Marine le Pen, semblent incarner à merveille! Nous invitons donc les adhérents à prendre le recul et la distance nécessaire afin de préserver un regard critique dans le cadre de cette campagne.

Il  est vrai que nous nous inquiétons lorsque le président semble prendre en otage les adhérents en indiquant qu’il prendrait pour un désaveu personnel l’élection de Bruno Gollnisch. Un tel chantage nous paraît d’ailleurs ahurissant et parfaitement déplacé dans le cadre d’une compétition que le président avait lui-même voulue loyale et dans laquelle, s’étant verbalement érigé en arbitre lors du dernier Conseil National, il eut été souhaitable qu’il ne fut pas tout à la fois juge et partie. Nous préférons croire néanmoins que les journalistes ont encore interprété mal intentionnellement ses paroles et que l’exercice d’une telle pression sur le choix des militants reste étranger à la pensée du président…

A suivre…

Edouard

Pourquoi cette campagne interne est profitable à la droite nationale

La campagne interne du Front National possède une vertu bien réelle : elle nous donne l’occasion d’exposer les fondements de la pensée nationale. A la faveur de cette campagne, nous sommes tous invités à faire un point, à scruter dans notre programme politique les principes qu’il recèle, à explorer les implications les plus ultimes de notre combat. Le Front National vit en effet sa crise d’adolescence, qui se révèle être une crise profonde d’identité : à quelle structure de pensée sa doctrine se raccroche-t-elle finalement? Sur quelles valeurs son action repose-t-elle fondamentalement ? Alors même qu’il pourrait sembler séduisant de rallier en partie la pensée dominante afin de se faire accepter par le système, voilà pourtant des questions auxquelles les deux candidats à la succession du président doivent tenter de répondre. La survie du nationalisme français est à ce prix.

« Sur la défense de la nation », répondrons spontanément un certain nombre d’entre nous. Certes. Mais quelle vision de la nation doit éclairer le combat frontiste ?

La nation n’est-elle qu’un concept et une idée, telle que la devise républicaine semble le suggérer ? Ou bien est-ce une réalité charnelle, qui possède une identité particulière ? Le programme frontiste répond tacitement à cette interrogation : son refus de voir entrer la Turquie dans l’union européenne implique en effet une conception charnelle de l’identité nationale. Car le Front ne suspend pas l’entrée de la Turquie à une adhésion idéologique, à la reconnaissance de certaines valeurs universelles auxquelles d’ailleurs n’importe quelle nation pourrait souscrire, mais il récuse définitivement son entrée dans l’Europe pour des motifs géographiques, historiques et culturels.

La nation est-elle une totalité ? Ou bien admet-elle en deçà l’existence de corps intermédiaires, et au-delà celle de principes supérieurs ? Il existe en effet deux modèles sociétaux bien distincts : le modèle libéral qui, dans le sillage des philosophies du contrat social, s’articule exclusivement autour de l’individu et de l’Etat ; et le modèle traditionnel qui reconnaît la nation comme une réalité naturelle et organique, laquelle repose ainsi sur des corps intermédiaires au premier rang desquels la famille. Précisément, la nation repose-t-elle sur le citoyen ou sur la famille ? Si le citoyen est la cellule de base de la société, celle-ci ne sera jamais qu’une addition d’individus. Peut-on cependant faire du social à partir de l’individuel ? En inscrivant dans son programme, à rebours de l’idéologie dominante, la défense d’une politique familiale et nataliste, situant la famille comme la « cellule de base de la société », le Front National se rattache implicitement à un modèle sociétal traditionnel.

« La république ne reconnaît que le citoyen », entend-on jusque dans nos rangs : mais la France, pour être pérenne, doit  reconnaître la famille. Comment le Front pourrait-il en effet s’affranchir d’une politique familiale quand il souhaite que survive le peuple français à l’heure où l’immigration de peuplement sécrète déjà de graves problèmes identitaires ?

Il faut souligner a contrario que le modèle libéral, dans lequel ne subsistent que l’individu et l’Etat, rappelle étrangement le modèle européiste et mondialiste dans lequel un pouvoir lointain et oligarchique, qui a confisqué les prérogatives des sociétés d’ordre inférieur, a la prétention de s’imposer directement et indistinctement à tous les individus. Là encore, le Front National ne peut pas rejoindre un modèle de société qui rentre en contradiction avec les principes qui animent par ailleurs le combat national.

Quant au refus de notre mouvement d’assimiler la nation au marché, et donc l’homme à un producteur ou un consommateur, il ne va pas sans une condamnation du matérialisme et du consumérisme ambiant, et par conséquent sans le rappel des principes supérieurs dont Jean-Marie le Pen a toujours souligné l’existence.

Bref, défendre la nation, c’est bien, mais pas de n’importe quelle manière, pas n’importe quelle nation. Le plus petit dénominateur commun cher au démagogue est semence de confusion. Le Front National ne peut donc pas se soustraire à une telle réflexion : y sont suspendues en effet les convictions des patriotes.

Refuser de considérer ces questions sociétales comme prioritaires, c’est refuser de fonder son action sur une vision claire et structurée de la société, c’est rejeter la colonne vertébrale autour de laquelle se construit pourtant la pensée nationale, c’est finalement programmer la lente désagrégation du nationalisme français. Car la nature a horreur du vide : abandonner ou taire les principes traditionnels sur lesquels repose la société revient mécaniquement à adopter les principes actuels de la pensée dominante dont on devient alors, bien malgré nous peut-être, les malheureux tributaires…

Edouard